Alors que la porte d’embarquement était sur le point de se fermer, nous avons réussi in extremis à rattraper Yann CARMAUX et Julien MURSCH avant leur vol pour les États-Unis. Retour sur un échange avec des arbitres du « nouveau monde » :
- Bonjour Yann et Julien, comment allez-vous ?
Hello ! ça va bien, je vous remercie.
- Pourriez-vous nous expliquer les raisons de votre départ pour les États-Unis ?
Nous avons été désignés par l’IHF pour arbitrer les qualifications de la zone Nord-Américaine aux championnats du monde féminin 2021 en Espagne. Ces « play-offs » se déroulent à Chicago, entre 4 nations. Le vainqueur de la finale obtient son ticket pour les championnats du monde en décembre.
- Du Handball en Amérique, c’est une chose dont on en entend peu parler. Pourriez-vous nous en dire plus autour de cette compétition ?
C’est vrai que quand on dit handball, ce n’est pas à l’Amérique qu’on pense en premier. Ceci étant dit, il suffit de voir les dernières grandes compétitions, jeunes et adultes pour voir que l’Europe n’est plus seule. L’Égypte, le Bahreïn, le Japon, le Brésil et l’Argentine sont des pays où le handball se développe vite et bien. Ils sortent de merveilleux joueurs/joueuses et construisent de beaux projets. Même si la concurrence avec les autres sports est énorme en Amérique du Nord, il n’y a pas de raison qu’ils ne se joignent pas au développement mondial du hand. De plus, avec les JO de Los Angeles en 2028, en tant que pays organisateur, les USA sont sûrs d’être qualifiés. Ils ont donc cet objectif en ligne de mire. Nous avons eu la chance d’arbitrer l’équipe masculine il y a deux ans et avons été très agréablement surpris. Beaucoup de joueurs ont une double nationalité et évoluent en Europe.
- Comment avez-vous été amenés à être désigné là-bas ?
Nous avons obtenu notre grade IHF il y a 2 ans. Depuis nous faisons partie d’un cercle relativement fermé d’une grosse centaine de binômes dans le monde avec le grade international. Nous pouvons donc être désignés n’importe où, pour officier sur n’importe quel match, souvent il y a un contexte particulier qui nécessite ces désignations lointaines.
Nous étions en Tunisie l’année dernière pour ces mêmes raisons. Certains matchs ont un contexte politique compliqué, il faut donc verrouiller les désignations avec des arbitres complètement neutres et avec le plus haut grade pour éviter toute discussion avant même le premier coup de sifflet.
Nous étions initialement désignés à Mexico début juillet pour un tournoi junior. La pandémie compliquant les choses et notre désignation par l’EHF (Europe) à l’EuroU19 en Slovènie quelques jours après, ne nous ont finalement pas permis de nous y rendre. Nous avons été basculés sur ce tournoi à la place.
- Ressentez-vous plus de pression à être les seuls arbitres européens désignés sur la compétition ?
Cela fait maintenant quelque temps que nous n’arbitrons plus uniquement pour nous. Nos grades nous font représenter nos collègues français, la formation française et la fédération dans son ensemble. Ici nous changeons d’échelle puisque nous représentons pour la première fois, seuls, l’arbitrage Européen hors de ses frontières. Nous voulons tendre vers l’idéal que nous nous faisons d’arbitres internationaux car on nous voit à présent avec cette étiquette.
Si on excepte les grandes compétitions (JO ou CDM), les désignations IHF ne sont pas forcément les plus compliquées handballistiquement. Chaque match aura ses difficultés et ses exigences mais nous savons que d’un point de vue handballistique il n’y a pas beaucoup d’équivalent avec ce que nous rencontrons en Europe ou en Starligue, les meilleurs joueurs étant là.
Sauf que l’arbitrage ce n’est pas que du handball. Il faut gérer l’environnement, les attentes, l’absence totale de repère, les pressions diverses. Bien souvent le handball finit par être la partie la plus simple de notre fonction. Pour ce tournoi, le gagnant de la finale ira aux championnats du monde en décembre, le 2ème n’ira nulle part. On vous laisse imaginer les retombées médiatiques qu’aura cette éventuelle qualification pour n’importe lequel des pays présents où le handball n’est pas encore très développé. Il faut composer avec ça. Il faut transformer la pression en fierté et honneur d’avoir ce rôle, c’est ce que nous essayons de faire.
Merci à Yann et Julien pour avoir répondu à nos questions et bonne chance à eux pour cette semaine Américaine !
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